Karen Tam
Biographie
Karen Tam est une artiste de Montréal dont la recherche porte sur les constructions et les représentations de cultures par le biais d’installations qui recréent des restaurants chinois, des bars karaoké, des fumeries d’opium et d'autres sites de rencontres culturelles. Elle a participé à des résidences et exposé ses œuvres à travers le Canada, les États-Unis, l’Europe et la Chine. Elle détient un doctorat en études culturelles de Goldsmith (University of London) et une maîtrise de beaux-arts en sculpture de la School of the Art Institute de Chicago. Elle est représentée par la galerie Hugues Charbonneau à Montréal ; son travail peut être vu au http://www.karentam.ca.
Crédit photo (portrait) : Morris Lum
Démarche
Œuvre : Mrs. Spring Fragrance’s Morning Room and Garden
Cette installation élargit la conception du portrait commémoratif dans le processus de construction et d’interprétation de l’asiaticité, tout en reliant certaines questions ténues et nuancées relatives au genre, au colonialisme et à l’orientalisme américain. Le jardin et le petit salon de Mme Spring Fragrance s’inspire des autrices Edith Maude Eaton (dont le nom de plume était Sui Sin Far) et Winnifred Eaton (alias Onoto Watanna). Nées d’une mère chinoise et d’un père britannique, les sœurs Eaton grandissent à Montréal. Edith y retournera plus tard travailler comme journaliste, et elle racontera le quartier chinois et la vie des personnes asiatiques en Amérique du Nord. Quant à Winnifred, elle se fera passer, de manière controversée, pour une Nippo-Américaine, signant d’un pseudonyme à consonance japonaise des romans d’amour et des nouvelles.
L'installation répartie dans trois salles rassemble des éléments trouvés ainsi que des sculptures et des textiles récemment créés pour évoquer un espace domestique privé ; elle comprendra aussi une œuvre à base de plantes dans la cour de la Galerie. En représentant dans cette œuvre les différentes facettes d’Edith et de Winnifred Eaton dans le contexte de l’orientalisme américain, j’espère montrer comment, en tant que femmes racisées à la découverte de leur identité, ces dernières ont résisté à la sinophobie tout en la contestant et ont remis en question le pouvoir, l’attrait et la problématique de l’orientalisme américain.
Crédit photo (oeuvres) : Jean-Michael Seminaro