Mot du commissaire
Oui, dire !
Vers une mise en action du ouï-dire
En 2024, la 11e Biennale nationale de sculpture contemporaine (BNSC) interroge la manière dont les ouï-dire proposeraient de nouvelles formes d’apprentissage, hors des habitudes de transmission des connaissances imposées par les institutions du pouvoir. La désautorisation de l’information – ces « fausses nouvelles » – remet en question les modes actuels de légitimité du savoir. La diffusion de ce dernier ne semble alors plus dépendre uniquement d’organisations ou de sociétés rigoureuses et réglementaires : elle s’opère justement au sein de ce que l’on pourrait appeler des « ouï-dire ».
Selon Spinoza, le ouï-dire constituerait le premier genre de connaissance. Il « se fonde sur une relation entre celui qui dit, et celui qui entend », laquelle « n’est jamais neutre puisqu’elle introduit la relation humaine au cœur de l’effort intellectuel[1] ». Le ouï-dire se réfère ainsi à la croyance populaire ou aux idées reçues qui sont répétées sans être nécessairement vérifiées par la raison. Il se construit par la mémoire, par l’imagination, grâce à une expérience sensible. Étant le lieu des opinions courantes, il injecte l’affect dans les discours et demande de faire confiance en des données qui peuvent difficilement être validées. Ce moyen de communication est donc susceptible de créer des failles dans les fondements de la science.
Dans le contexte où les luttes politiques, culturelles, économiques et environnementales actuelles exercent une pression de plus en plus grande sur nos structures de pensée, notre mode de vie et nos possibilités d’action – le dérèglement climatique, la pandémie, la fin annoncée du capitalisme, la redéfinition des récits hégémoniques, les conflits internationaux –, comment les ouï-dire suggèrent-ils ou non des alternatives pour le futur ? Comment les messages produits par le biais des ouï-dire ont-ils un effet concret sur les conceptions du monde et pourraient pousser au faire et à l’agir ?
Les œuvres présentées dans cette 11e BNSC ne se limitent pas à dénoncer, soit à dire. Les 13 artistes de cette exposition mettent en espace, en images et en sons des paroles, des histoires, des discours ou encore des idées qu’iels réécrivent et réinterprètent. les possibilités d’utilisation des ouï-dire : résonances (auto)fictionnelles, transcodages et chambres d’écho.
Tout d’abord, on peut considérer les ouï-dire comme ces on-dit qui se propagent dans la société et influencent notre perception, nos croyances et notre réalité. Il importe de rappeler que dans sa définition législative le ouï-dire consiste en une affirmation introduite par un tiers, en l’absence du témoin initial, afin d’établir la véracité des faits. La preuve est alors basée sur les propos d’un individu, dans l’oralité, qui n’a pas observé personnellement l’événement. Le discours est indirect, d’un « dire à un dire ». De même, le sous-thème Résonances (auto)fictionnelles construit la rumeur et joue avec les anecdotes (Rémi Belliveau, Marc-Antoine K. Phaneuf, Nico Williams et Tyshan Wright).
Par ailleurs, les ouï-dire activent une certaine distorsion, voire une mutation de l’intention initiale. En ajoutant ou en soustrayant à la vérité, ils peuvent exploiter une notion secondaire ou sous-jacente au profit d’une idée principale. Ainsi, les œuvres regroupées sous Transcodages montrent les possibilités de transposition et de déplacement de l’état d’une relation, d’une histoire ou d’une matière (Shuyi Cao, Maryse Goudreau, Estela Lopez Solis, Sanaz Sohrabi et Clemens von Wedemeyer).
Enfin, au-delà d’un détournement de l’authenticité, les ouï-dire favorisent les échanges collectifs et l’écoute d’autrui. Ils peuvent encourager l’émergence de voix et de perspectives pour l’avenir. À cet effet, Chambres d’écho engage la communication et ouvre la discussion à des réalités autres (Heidi Barkun, Bonneau-Knight, arkadi lavoie lachapelle et Camille Turner).
Tout bien considéré, est-ce que les ouï-dire peuvent servir l’argumentaire et la compréhension plutôt que freiner une certaine pensée critique ? Comment ce modèle de transmission – de bouche à oreille – peut-il influencer différemment notre fonctionnement ? N’est-ce pas là un outil pour invoquer de nouveaux futurs ? Quels rôles jouent en réalité les ouï-dire dans notre société ? Comment les écoute-t-on ? Comment constituent-ils un moyen de proposer des formes d’intervention ? En somme, les réflexions suscitées par les artistes de cette 11e BNSC nous entraînent dans le changement. La Biennale nationale de sculpture contemporaine 2024 sonde les ouï-dire et leur potentiel de (nous) mettre en action et de « propager la rumeur » : du ouï-dire au oui, dire !
Résonances (auto)fictionnelles
Les artistes Rémi Belliveau, Marc-Antoine K. Phaneuf, Nico Williams et Tyshan Wright nous demandent de croire aux récits qu’iels mettent en place par le biais d’éléments matériels trouvés ou recréés. Si les ouï-dire peuvent parfois mener à l’imposture et à la tromperie, ils ont aussi la capacité de modifier ces narrations et d’y autoriser la spéculation, la fabulation et la superstition. Les praticiens de l’art deviennent ainsi les auteurs et autrices d’histoires qui versent dans la fiction par des jeux de résonances où la part du faux ne cesse de s’amplifier. Marc-Antoine K. Phaneuf fait dériver son récit autobiographique en rassemblant dans une voiture des éléments hétéroclites qui lui appartiennent, mais qui, une fois combinés, offrent une version alternative de lui-même. Nico Williams ouvre un pawnshop où des objets familiers sont réalisés au moyen de la pratique du perlage. On suit l’artiste dans une enquête sur les trajets hypothétiques et spéculatifs de ces choses qui transitent par le commerce de prêt sur gage. En prenant la création d’instruments de musique pour point de départ, Tyshan Wright se définit comme un descendant des Marrons de la Jamaïque déportés en Nouvelle-Écosse. En cherchant à s’approprier ses origines, il interprète sa réalité selon la manière dont il imagine ce passé. Rémi Belliveau compose une biographie fictionnelle du violoneux acadien Eloi LeBlanc en se fondant sur la mémoire relative à cet artiste jusqu’à intervenir sur son identité même.
Transcodages
Le transcodage désigne le fait de traduire l’information fournie dans un code en un autre code et, en l’occurrence, de la transformer pour envisager une nouvelle représentation. Il s’agit de changer le format original afin de véhiculer un signal. Or, les artistes recourent à des gestes de transcodage : iels modifient le « format » d’origine pour en créer un inédit. Shuyi Cao, Maryse Goudreau, Estela Lopez Solis, Sanaz Sohrabi et Clemens von Wedemeyer se placent à la jonction de telles interactions, au centre de divers types de transpositions, pour nous faire comprendre autrement les rapports que nous entretenons avec le monde.
Clemens von Wedemeyer convertit les relations humaines en formules mathématiques et en images. Il figure par le langage de la géométrie, soit des points et des lignes convergentes et divergentes, des liaisons qui se meuvent et évoluent. Selon la nature de la connexion entre les individus, l’artiste manifeste visuellement la façon dont les regroupements se forment et établissent des systèmes. Les réseaux de personnes amies ou employées et d’organisations économiques, politiques ou culturelles qui s’interinfluencent dans la ville, sur Internet ou dans des lieux divers créent des configurations de souveraineté ou d’asservissement. L’artiste transpose ces rapports humains en schémas pour signifier au public qui les regarde que chacun fait partie d’une grande structure.
Maryse Goudreau exprime artistiquement les comportements des bélugas. Elle met en lumière, en se basant sur une rumeur, les attitudes possibles de ces mammifères arctiques face aux gens qui vont à leur rencontre. L’originalité de l’anecdote active la curiosité et incite le public à écouter ces animaux. L’œuvre fait ainsi prendre conscience que les bélugas entendent les humains et réagissent à leurs agissements. Par des gestes de transmutation de la matière, Shuyi Cao remet en question notre lien aux règnes animal et végétal lorsqu’ils deviennent des éléments géologiques. Elle s’appuie sur la science pour mieux la contourner : elle propose un discours alternatif qui utilise les fossiles pour reformater les récits. L’artiste s’octroie dans ce cas le droit d’interpréter l’extinction de l’humanité.
Estela Lopez Solis rend la parole populaire lisible par l’écrit. Elle transcrit les revendications et l’histoire sociopolitique mexicaine et des Amériques, de manière ouverte et fragmentaire, par des mots brodés, tandis que Sanaz Sohrabi interpelle notre rapport à l’univers économique et politique à partir de l’usage des archives. L’artiste élabore une réponse critique au récit avancé par la British Petroleum (BP), auparavant l’Anglo-Persian Oil Compagny, qui a été un organe financier et identitaire important en Iran. L’entreprise britannique a forgé et présenté une image d’elle-même qui sert une perspective coloniale et hégémonique, garante d’une modernité. Cette histoire est revue à travers le regard de Sanaz Sohrabi par l’assemblage et la mise en scène de documents d’archives de la compagnie et de recherches personnelles. L’œuvre vise à montrer entre autres comment les technologies d’imagerie ont aidé à trafiquer les actions effectuées dans le but d’extraire du pétrole. L’abondante documentation visuelle qui appuie les stratégies de communication dévoile également les cicatrices laissées sur le territoire et la dépossession des ressources iraniennes.
Chambres d’écho
La chambre d’écho, par analogie notamment avec la pièce réverbérante où les sons se répercutent, est le lieu pour repenser les idées. Or, celles-ci y sont amplifiées par une communication qui évolue de manière circulaire, donc vers la répétition. De là, les discours s’unifient en évacuant le plus souvent les points de vue opposés. Alors, comment les ouï-dire interviennent-ils dans les mémoires collectives, les légendes urbaines et la manipulation des informations provenant de multiples espaces (physiques, médiatiques, réseaux sociaux, etc.) ?
Métaphoriquement, les artistes Heidi Barkun, Bonneau-Knight, arkadi lavoie lachapelle et Camille Turner aménagent des zones de parole pour déboulonner des mythes. arkadi lavoie lachapelle suggère une pratique de rituels mortuaires qui va à l’encontre des propositions de l’industrie funéraire actuelle et de la législation québécoise. Son intention consiste à enrichir les connaissances sur les obsèques à la maison à partir d’un récit mythologique, dans le silence et la contemplation autour de la figure de Chiron. Le lieu domestique, la chambre, devient – ou redevient – l’endroit pour essayer des modes alternatifs qui réinventent le décès et les soins post-mortem. Heidi Barkun défait le rêve du succès de la fécondation in vitro, donnée d’emblée comme la voie de la réussite pour être mère. Un salon où des personnes témoignent de leurs expériences et une sorte de musée des sciences exposant des articles de maternité forment un espace de conversation. Visant des échanges plus intimes, le collectif Bonneau-Knight se sert de la ville et des possibilités de déambulation pour offrir un contexte d’écoute et d’empathie interpersonnelles. Dans le laboratoire créatif Afronautic Research Lab, Camille Turner invite le public à des séances performatives afrofuturistes en petit groupe autour de documents de recherche et de livres. L’artiste a pour but de faire découvrir l’histoire de l’esclavagisme au Canada en brisant le silence et les tabous qui y sont liés.
Karine Bouchard
[1] Céline Hervet, « La puissance du langage sur les affects », De l’imagination à l’entendement. La puissance du langage chez Spinoza, p. 285.
In 2024, the 11th Biennale nationale de sculpture contemporaine (BNSC) will be looking at how hearsay proposes new forms of learning situated outside the typical ways of transmitting knowledge imposed by institutions of power. The de-authorization of information—or “fake news”—calls into question the current manners in which knowledge is legitimized. Sharing of knowledge no longer seems to depend solely on rigorous, official organizations or societies: it occurs in the midst of what we might term “hearsay.”
Hearsay is, according to Spinoza, the first kind of knowledge. It’s based on a relationship between the one who says and the one who hears, a relationship that is never neutral since it introduces human dynamics into the heart of the intellectual effort[1]. Hearsay thus refers to popular beliefs or received wisdom, repeated without necessarily being verified by reason. It’s built up through memory, imagination, and sensory experience. As a locus of prevailing opinion, hearsay injects affect into discourse and requires trust in data that is difficult to validate. As a result, this means of communication is likely to create flaws in the foundations of science.
In a context where current political, cultural, economic, and environmental struggles are wielding ever-greater pressure on our thought structures, our way of life, and our range of action—be it through climate disruption, pandemics, the foretold end of capitalism, the redefinition of hegemonic narratives, international conflicts—how does hearsay suggest, or not, alternatives for the future? Can messages produced by hearsay exert a real influence on our conceptions of the world, and encourage us to take action?
The works presented in this 11th BNSC aren’t limited to denouncing or saying. The 13 artists in this exhibition utilize space, images, and sound to rewrite and reinterpret words, stories, discourses, and ideas. Their production falls into three themes, which in a way define the possible uses of hearsay: (self)fictional resonance, transcoding, and echo chambers.
Firstly, hearsay can be interpreted as the whispers that spread in society and influence our perception, our beliefs, and our reality. It’s important to remember that hearsay, in its legislative definition, is testimony introduced by a third party, without the original witness, to prove the truth of the matter established. In other terms, the evidence is based on the spoken words of an individual who hasn’t seen the situation. This speech is indirect, a statement deriving from a claim. Similarly, the (Self)fictional Resonance theme builds upon rumours and plays with anecdotes (Rémi Belliveau, Marc-Antoine K. Phaneuf, Nico Williams and Tyshan Wright).
Furthermore, hearsay can trigger a certain distortion, or even a mutation, of the initial intention. By adding to or subtracting from the truth, it can develop a secondary or underlying notion for the benefit of the main idea. In this way, the works grouped under Transcoding
show the possibilities of transposing and shifting the state of a relationship, a story, or a subject (Shuyi Cao, Maryse Goudreau, Estela Lopez Solis, Sanaz Sohrabi and Clemens von Wedemeyer).
Finally, hearsay isn’t just a diversion away from authenticity, but can also promote collective exchanges and listening to others. It can encourage the emergence of voices and perspectives for the future. To this end, Echo Chambers establishes communication and opens up discussion onto other realities (Heidi Barkun, Bonneau-Knight, arkadi lavoie lachapelle and Camille Turner).
All things considered, can hearsay be used to foster discussion and understanding rather than to inhibit critical thinking? How can this model of transmission—by word of mouth—influence the way we operate? Can it not be a tool used for summoning new futures? What role does hearsay actually play in our society? How do we listen to it? How does it constitute a means of proposing types of intervention?
In short, the artists of this 11th BNSC generate ideas that lead to change. The 2024 Biennale nationale de sculpture contemporaine examines hearsay and its potential to spur (us) to action and “spread the word”: from hearsay to here, say!
(Self)fictional Resonance
Artists Rémi Belliveau, Marc-Antoine K. Phaneuf, Nico Williams, and Tyshan Wright ask us to believe the narratives they have invented using found or recreated material elements. While hearsay can sometimes lead to imposture and deception, it can also alter these narratives and allow for speculation, confabulation, and superstition. Art practitioners thus become authors of stories that verge on the fictional through resonating and constantly amplified falsehoods.
Marc-Antoine K. Phaneuf diverts his autobiographical narrative by loading a car with a motley collection of items that belong to him which, when combined, offer an alternative version of himself. The shelves of Nico Williams’ pawnshop are filled with familiar objects made with beadwork; we follow the artist as he investigates the hypothetical and speculative journeys of these objects as they trek through the trade cycle. With the creation of musical instruments as his starting point, Tyshan Wright self-describes as a descendant of the Jamaican Maroons deported to Nova Scotia. In seeking to reclaim his origins, he interprets his current reality through the lens of that past. Rémi Belliveau’s fictional biography of Acadian fiddler Eloi LeBlanc draws on the memory of the artist to the point of interfering with his very identity.
Transcoding
Transcoding refers to the act of translating information provided in one code into another code and, in this case, transforming said information in such a manner as to consider a new way of being. It involves changing the original format to convey a signal. Artists use transcoding gestures when they modify the original “format” to create a new one. Shuyi Cao, Maryse Goudreau, Estela Lopez Solis, Sanaz Sohrabi, and Clemens von Wedemeyer put themselves at the junction of such interactions, at the centre of various types of transposition, to give us a novel understanding of our relationship with the world.
Clemens von Wedemeyer converts human relationships into mathematical symbols and images. Using the language of geometry (points, as well as converging and diverging lines), he depicts moving and evolving connections. Depending on the nature of the connection between the individuals, he visually presents the way in which groupings form and establish systems. The networks of friends and employees, of economic, political, and cultural organizations that interact in the city, on the Internet, and in various places yield configurations of sovereignty or subjugation. The artist transposes these human relationships into diagrams to show the viewer that everyone is part of a larger structure.
Maryse Goudreau interprets the behaviour of belugas through an artistic lens. Inspired by a rumour, she sheds light on the possible attitudes of these Arctic mammals towards the humans they come across. This anecdote arouses the public’s curiosity and encourages people to listen to the creatures. The work makes us aware that belugas hear humans and react to their actions. Through the transmutation of matter, Shuyi Cao questions our relationship with the animal and plant kingdoms as they become geological elements. She draws on science in order to circumvent it, and proposes an alternative discourse that uses fossils to reshape narratives. In this case, the artist grants herself the right to interpret the extinction of humanity. Estela Lopez Solis makes working-class tenets visible through the written word. She transcribes the demands and socio-political history of Mexico and the Americas in an open and fragmentary way, using embroidered words, while Sanaz Sohrabi questions our relationship with the economic and political world with archives. The artist develops a critical response to the narrative put forward by BP (British Petroleum), formerly the Anglo-Persian Oil Company, which has been an important financial and identity-building entity in Iran. The image the British company created and presented of itself served a colonial and hegemonic perspective which guaranteed modernity. This history is revised, through Sohrabi’s eyes, by assembling and staging documents from BP’s archives along with Sohrabi’s personal research. The work aims, among other things, to show how imaging technologies have helped to tamper with the effects of oil extraction methods. The abundant visual documentation created in support of communication strategies also reveals the scars left on the land and the dispossession of Iranian resources.
Echo Chambers
The echo chamber, not unlike the reverberating room where sounds resonate, is a place to rethink ideas. However, these ideas are amplified in a circular communication that moves towards repetition. As a result, discourse becomes unified, and opposing points of view are often discarded. So how does hearsay intervene in collective memories, urban legends, and the manipulation of information when it is inserted into physical, media and social spaces?
The artists Heidi Barkun, Bonneau-Knight, arkadi lavoie lachapelle, and Camille Turner set up metaphorical zones of speech that dismantle myths. arkadi lavoie lachapelle proposes a mortuary practice of rituals that runs counter to current funeral industry trends and Quebec legislation. The artist seeks to enrich and broaden our knowledge of home funerals, in silence and in contemplation, based on the mythological narrative of the figure of Chiron. The domestic space, the bedroom, becomes—or becomes once again—the place to test alternative ways of reinventing death and post-mortem care. Heidi Barkun unravels the dream of successful in vitro fertilization, presented from the outset as the path to motherhood. A lounge where people talk about their experiences, and a sort of science museum displaying artifacts related to motherhood, become a space for conversation. Aiming for more intimate exchanges, the Bonneau-Knight collective provides a context for interpersonal listening and empathy through the city and its possibilities for wandering. In the creative Afronautic Research Lab, Camille Turner invites people to participate in group exploration sessions based on various research and information documents. Through Afrofuturist performances, the artist attempts to uncover the history of slavery in Canada by breaking the silence and taboos associated with it.
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