Sanaz Sohrabi
Extraction Out of Frame
Dans cette exposition, l’artiste examine l’intersection de plusieurs domaines : les études scientifiques et technologiques, les cultures visuelles de l’extraction des ressources fossiles et de l’histoire de la photographie ainsi que les productions cinématographiques de la compagnie British Petroleum (BP). La pièce maîtresse de l’exposition, Scenes of Extraction, constitue le second épisode cinématographique de son enquête en cours sur les grammaires visuelles de l’extraction du pétrole menée par la British Petroleum en Iran et dans l’ensemble de l’Asie de l’Ouest. Durant les six dernières années, Sohrabi s’est penchée sur les premières études géologiques et les relevés sismiques effectués par BP dans les provinces du sud-ouest de l’Iran – généralement désignées comme la « ceinture pétrolière iranienne » –, où la majorité des champs pétrolifères ont été découverts au début du XXe siècle et exploités depuis.
Les photographies, films et magazines employés dans Scenes of Extraction et dans l’exposition qui l’accompagne proviennent des collections cinématographique et photographique de BP ainsi que des archives personnelles de l’artiste, rassemblées au cours d’un processus de recherche méticuleux. Réalisation d’une cinéaste et chercheuse qui conjugue les médias documentaires et la recherche en arts visuels, l’exposition est « guidée par l’archive en tant que prisme conceptuel, objet matériel et pratique imaginative » (Daniela Agostinho). Elle explore les temporalités archivistiques et l’esthétique de la preuve qui se mêlent aux pratiques photographiques ethnographiques des premières explorations pétrolières coloniales en Iran et elle les analyse dans l’optique de la logique extractive qui est au cœur des images opérationnelles de BP. Extraction Out of Frame met en relation différents équipements photographiques et cinématographiques inventés et utilisés pour simultanément imaginer et détruire les couches souterraines de la terre dans le cadre d’explorations géophysiques visant à localiser de nouvelles réserves de pétrole. Parmi ces matériels se trouvent notamment les appareils photo ayant servi initialement à transposer le son des explosions en mouvements de lumière dans des expériences d’imagerie sismique par réflexion et un prototype d’appareil photo 35 mm mis au point par un géologue néerlandais pour l’Anglo-Iranian Oil Company afin de pénétrer dans un puits de pétrole et de capter la surface de la Terre de l’intérieur. Extraction Out of Frame révèle également les histoires entremêlées – et largement ignorées – de l’extraction et de l’appareil photo. Sohrabi y investigue la tension, le désir et le fantasme propulsés par la logique extractive de destruction terrestre, en reliant diverses archives officielles et non officielles, comme des photographies, des magazines de l’industrie pétrolière, des vidéos trouvées, des vidéos géologiques amateures et des documentaires sur le pétrole réalisés par BP.
In this project and exhibition, Sanaz Sohrabi look at the intersection of science and technology studies, visual cultures of extraction, and history of photography and film productions of British Petroleum. The centrepiece of this exhibition, “Scenes of Extraction,” is the second film episode in her ongoing investigation of the visual grammars of extraction during the operations of British Petroleum in Iran and the broader West Asia. Over the past six years, she has been researching the early geological surveys and seismic mappings that were done extensively in the southwestern provinces of Iran, generally named the “Iranian oil belt,” where the majority of oil fields were discovered and developed in the early 20th century.
Photographs, films, and magazines used in “Scenes of Extraction” and the larger exhibition are drawn from British Petroleum’s film library and photographic collections along with her personal archives gathered over a meticulous six-year-long archival research process. As a filmmaker and researcher working at the intersection of documentary media practice and visual arts research, Sohrabi exhibition is “guided by the archive as a conceptual prism, material object, and imaginative practice” (Daniela Agostinho).She examines the archival temporalities and evidentiary aesthetics enmeshed in the ethnographic photography practices of early colonial oil explorations in Iran and read their visual frame in relation to an extractive logic at the heart of the operational images of BP. “Extraction Out of Frame” connects different photographic and film apparatuses that were invented and used to simultaneously imagine and destroy the subterranean layers of earth in the process of geophysical explorations for locating new oil reserves. Some of the photography apparatuses that she discusses in this exhibition include early cameras used to translate the sound of explosions into movements of light in “reflection seismography” methods, or an early 35 mm camera prototype developed by a Dutch geologist especially for the Anglo-Iranian Oil Company that enters an oil well and captures the earth’s surface from within. “Extraction Out of Frame” sheds light to the intertwined history of extraction and the camera that has remained largely understudied. In this exhibition Sohrabi explores, through connecting disparate official and unofficial archives ranging from photographs, oil industry magazines, found footage, amateur geological footage, and oil documentaries made by BP the tension, desire, and fantasy of seeing and destroying the earth that is propelled by this extractive logic.
Biographie
Née en 1988 à Téhéran, Sanaz Sohrabi est chercheuse en culture visuelle et cinéaste. Ses œuvres ont été présentées dans plusieurs expositions et festivals, notamment au Berlinale Forum Expanded, à l’International Film Festival de Rotterdam, à IndieLisboa (section Silvestre pour le meilleur court métrage), au Valdivia International Film Festival au Chili (mention spéciale du jury), à l’Iran International Documentary Film Festival « Cinéma Vérité » (meilleur moyen métrage international), au Mimesis Documentary Festival (meilleur court métrage documentaire), au Ann Arbor Film Festival (Prix du jury), au Open City Documentary Film Festival, au Rencontres internationales du documentaire de Montréal, au Sheffield DocFest et au Kassel Dokfest, entre autres. Le travail de Sohrabi a récemment été exposé à la Biennale 2023 de Ljubljana, à SAVVY Contemporary à Berlin, à VOX Centre de l’image contemporaine à Montréal, au Centre Clark à Montréal et à Carpintarias de São Lázaro à Lisbonne.
Sanaz Sohrabi (b.1988, Tehran) is a researcher of visual culture and filmmaker. Sohrabi’s works have been shown widely in exhibitions and festivals, including: the Berlinale Forum Expanded, the International Film Festival Rotterdam, IndieLisboa (Silvestre Section for Best Short Film), the Valdivia International Film Festival in Chile (Special Jury Mention), Cinéma Vérité—Iran International Documentary Film Festival (Winner of International Mid-length), the Mimesis Documentary Festival (Best Documentary Short), the Ann Arbor Film Festival (Jury Award), the Open City Documentary Film Festival, the Montréal International Documentary Film Festival (RIDM), the Sheffield DocFest, and the Kasseler Dokfest, among others. Sohrabi’s work was recently included in exhibitions at the Ljubljana Biennale 2023, at SAVVY Contemporary in Berlin, at VOX Centre de l’image contemporaine in Montréal, at the Centre Clark in Montréal, and at Carpintarias de São Lázaro in Lisbon.